- pertuis
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• 1150; de l'a. v. pertuiser, autre forme de percer1 ♦ Vx ou région. ⇒ ouverture, trou.2 ♦ Mod. Techn. Ouverture qui permet de retenir l'eau d'une écluse ou de la laisser passer.♢ Géogr. Étranglement d'un fleuve. Les pertuis de la Seine. — Sur les côtes de l'ouest de la France, Détroit entre deux îles, entre une île et la terre. Le pertuis d'Antioche, entre l'île de Ré et l'île d'Oléron.⇒PERTUIS, subst. masc.A. —Vieilli, région. ou littér. Trou, petite ouverture. Pertuis d'une aiguille, de l'oreille. Tenez!... là-bas... Cette brousse, eh bien, il y a-t-un lièvre qui tous les matins passe par ce pertuis-là (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p.45). Piquant ferme dans sa cuisse, couverte des petits pertuis de sa manie, il appuya sur la seringue (...) et tomba foudroyé (L. DAUDET, Ciel de feu, 1934, p.221). Si les animalcules viennent de germes, ces germes doivent être extrêmement ténus et pourquoi n'auraient-ils pu s'insinuer par d'invisibles pertuis qui, pour eux, eussent été autant de «portes cochères»? (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p.45). V. blond ex. 4.B. —Spécialement1. Ouverture pratiquée pour permettre le passage ou l'écoulement de l'eau. V. chenal ex. 2.a) ,,Trou par lequel se perd l'eau d'un bassin`` (NOËL 1968). L'eau d'un bassin qu'on ne retient plus et dont on ouvre les pertuis sur les rigoles (SUARÈS, Voy. Condottière, t.3, 1932, p.145).b) Ouverture ménagée dans une digue pour le passage des bateaux. L'on a quelquefois ouvert des pertuis laissant passer la mer à travers une digue d'abri enracinée à terre (QUINETTE DE ROCHEMONT, Trav. mar., t.1, 1900, p.170).c) Ouverture pratiquée dans un barrage, et dont la largeur permet parfois une passe navigable. [Les barrages de dérivation] se composent d'un certain nombre d'ouvertures ou pertuis, fermés par des vannes et séparés entre eux par des piles. Ces pertuis jouent, en fait, le rôle d'évacuateur de crues (THALLER, Houille blanche, 1952, p.48).d) ,,Ouverture par laquelle l'eau passe d'une écluse dans un conduit (...) qui amène l'eau à la roue d'un moulin`` (NOËL 1968).2. GÉOGRAPHIEa) Étranglement d'un fleuve. Les pertuis de la Seine. (Dict.XIXe et XXes.).b) [Dans l'Ouest de la France] Détroit entre une île et le continent ou entre deux îles. Pertuis breton, d'Antioche, de Maumusson. Sur sa mer jaunie, baignant une campagne poudreuse, avec ses falaises blanches visibles de loin, La Rochelle surveillait l'entrée des pertuis, l'accès des îles (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.371).c) Région. et littér. Passage d'un versant à l'autre d'une montagne. Synon. col. Pancho, roi d'Oloron, commande au carrefour Des trois pertuis profonds qui vont d'Espagne en France (HUGO, Légende, t.1, 1859, p.222). Tous les pertuis entre les collines, tous les vals, tous les lits de torrent sont des portes du vent (GIONO, Eau vive, 1943, p.32).3. TECHNOLOGIEa) Trou d'une filière. (Dict.XIXe et XXes.).b) SERR. ,,Garde fixée dans l'intérieur des serrures; ouverture correspondante faite au panneton de la clef`` (CHESN. t.2 1858). Clef, dont la figure est la forme de son mouvement adapté au pertuis où on l'insère, (...) (CLAUDEL, Art poét., 1907, p.187).REM. 1. -pertuis, élém. de compos. V. mille(-)pertuis. 2. Pertuiser, verbe trans., vieilli ou littér. Percer. Ma flûte ne sait plus, hélas! me réjouir, Mon coeur est travaillé de crainte et de désir. Adieu, roseaux amis que savait pertuiser, Pour être les premiers, ma main! (MORÉAS, Énone, 1894, p.146). Part. passé en empl. adj. Là-bas derrière luisait la carcasse de bois toute pertuisée, son sol nu où pourrissaient des lambeaux de murs (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.192).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1140 «trou, ouverture» pertus (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 441); 1176-81 pertuis (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 1272); ne subsiste que dans des empl. spéc.; 1180-90 pertrus «passage» (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, IV, 385 in Elliott Monographs, 37, p.329). Déverbal de l'a. fr. pertuisier «faire un trou» ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, IV, 2 Chr. XXXIII, 12, p.219) — 1611, COTGR., répertorié ensuite comme vx mot par de nombreux dict., mais qui survit dans les dial. (cf. FEW t.8, p.288b et 289a), peut-être att. dès la fin du XIes.: pertucar ou pertucer (RASCHI Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, p.110, 799), du lat. pop. pertusiare, v. percer, d'apr. les formes accentuées de l'ind. prés.; cf. dès le VIIIes. le lat. pop. pertusium «trou» (Gloses de Reichenau, éd. H.-W. Klein, t.1, p.87, 658). Fréq. abs. littér.:29.
pertuis [pɛʀtɥi] n. m.ÉTYM. 1150; subst. verbal de l'anc. verbe pertucer, pertuiser, autre forme de percer.❖1 Vx ou régional. ⇒ Ouverture, trou (→ Melon, cit. 3).2 Mod. Techn. Ouverture à barrage mobile ménagée dans une écluse et qui permet de retenir l'eau ou de la laisser passer dans le coursier (1. Coursier, 2.). — Ouverture pratiquée dans une digue pour les bateaux. — Ouverture d'accès dans une cale sèche. — Géogr. Étranglement d'un fleuve. || Les pertuis de la Seine. — Sur les côtes de l'ouest de la France, Détroit entre deux îles, entre une île et la terre… || Le pertuis d'Antioche, entre l'île de Ré et l'île d'Oléron.0 À Belle-Anse on n'entend pas le bruit des eaux acharnées contre les dunes, mais parfois les détonations lointaines du pertuis de Maumusson (…)J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 366.❖COMP. Mille-pertuis.
Encyclopédie Universelle. 2012.